Une douce promenade...

C'était un magnifique après-midi. Les déesses des intempéries étaient on dirait de bonnes humeur car aucun nuage ne venait troubler le ciel bleu du Mont OlymTiTipe. Je décidais donc de me rendre aux jardins car j'avais besoin de prendre l'air.
De mon pas léger, je marchais jusqu'au magnifique pont doré qui enjambait le vide pour rejoindre les jardins. J'avançait prudemment dessus même si je savais qu'il était parfaitement solide. Arrivée au milieu de l'édifice, je me penchais légèrement vers le vide pour admirer la vue qu'on avait de la Terre. Aujourd'hui, c'est la Chine que l'on voyait. J'admirais quelques secondes ce pays magnifique, ressentant en même temps toutes les pensées des habitants et me déclenchant à moi même un mal de tête persistant. Légèrement étourdie par cet afflux de songes, je reculais et titubais avant de reprendre mes esprits et de continuer mon chemin.
J'arrivais dans les magnifiques jardins et respirait la délicieuse senteur qu'il embaumait. Un mélange de fleurs et de rosée. Tout était parfait. A cette heure, il y avait déjà pas mal de monde mais le jardin était largement assez grand. Regardant autour de moi et réfléchissant (comme toujours), je finis par dénicher un endroit qui me plaisait. Un saule plaureur au longues, très longues branches roses et dorées qui formaient un abri. J'emmenais mon esprit loin de mon corps et lui ordonnais d'aller faire un tour là bas pour voir si le coin est confortable. Mon esprit s'en alla et revint en moi quelques minutes plus tard. Les images affluèrent à mon cerveau. Oui, c'était parfait comme endroit. Je marchais tranquillement vers le Saule, poussa sur la côté une de ses branches et m'introduit à l'intérieur de l'abri. Puis, je m'adossa au tronc et ferma les yeux, ressentant les pensées de chaque personne du Mont. L'humeur était à la fête aujourd'hui. Je le sentais sans le comprendre. C'est un peu ça, d'être une déesse.

Je sens une personne aux pensées joyeuses s'approcher de moi avec hésitation puis s'asseoir à mes côtés. Je reconnais immédiatement, les yeux toujours fermés, la superbe déesse du temps et des intempéries, dans sa robe blanche de nuage. Ouvrant les yeux, je me tournais vers elle et lui adressait un sourire paisible.
- Bonjour, dis-je de ma voix calme. Quelle belle journée, n'est-ce pas ? C'est toi, déesse des intempéries que je dois remercier pour cela.
J'éclatais d'un rire cristallin et calme lui aussi. Le fait que ma voix soit presque dénuée de caractère m'avait plus d'une fois énervé mais je m'y étais vite habitué.
- Toi aussi tu aimes ce grand saule ? Moi, il m'inspire. Je pensais à ce que devais être un saule en train de pleurer. J'imaginais de longues gouttes dorées perler le long de ses branches. Ne serait-ce pas magnifique que pleurer soit beau ? Demandais-je, rêveuse.

Avoir des contacts avec les autres me donnait tout le temps l'impression d'être une voleuse, une voleuse de souvenirs et de pensées car ma compagnie ne permettait aucune intimité aux autres. Heureusement, les dieux et déesses me comprennaient et me pardonnaient volontiers, car ils savaient que je ne pouvais pas contrôler mon pouvoir. Ainsi, les pensées de Shu' étaient pour moi aussi claires que de l'eau de source. Je savais qu'elle pensais aux fourmis et a leurs curiosités. Honteuse, je secouais la tête comme pour en chasser l'afflux de pensées. Sachant que le moment était venu de relancer la conversation, je me tournais vers la jolie déesse et la complimenta : - Cette robe blanche est superbe. J'eus un rire serein avant de continuer : - J'espère que cela ne signifie pas que cette merveilleuse journée va se couvrir !

Moitié surprise, moitié émue, je la regardais avec une sorte de sourire reconnaissant. Je percevait une incroyable onde positive provenant de son cerveau et je vis que son sourire était un des sourires les plus sincères que j'ai jamais vu de ma vie. J'aurais voulut faire un immense sourire et me répandre en remerciements mais mon statut m'en empêchait, et je garda mon sourire paisible et ma voix douce.
- Oh, merci, c'est très gentil, lui répondis-je calmement (trop calmement).
J'ordonnais intérieurement à mon esprit de trouver un accessoire qui irait avec les magnifiques yeux dorés. J'eus une minute d'inattention, le moment que mon esprit aille chercher selon j'avais besoin et lorsqu'il fut revenu, j'avais un magnifique ruban doré dans les mains et la superbe déesse du temps me regardait avec surprise. Me ressaisissant, je lui noua le ruban au poignet, l'agrémentant au passage de quelques rubis qui perlèrent de mes cheveux et tombèrent dessus, se fixant automatiquement.
Puis, je relevais la tête et lui adressa mon plus beau sourire, et pour la première fois, ce sourire n'était pas calme, il était fort, et même si le coin de mes joues me tiraillait affreusement, j'étais fière d'avoir réussi à afficher une expression sur mon visage inexpressif..

Il m'était impossible de rougir, je me contenta donc de la remercier :
- Merci...A vrai dire, je ne sourit pas souvent. C'est assez dur lorsqu'on est déesse de la pensée, de faire ressentir ses sentiments sur son visage.
Je la regarda avec une sorte d'admiration. Elle était tellement gentille... Je voyais que son coeur était bon et généreux.